Depuis quelques temps, je me pose une question simple que je veux partager avec vous après l’allocution de François Fillon : dans votre vie de tous les jours, côtoyez-vous beaucoup de gens mis en examen ?
A titre personnel, je ne crois pas.
Bien sûr, une mise en examen ne signifie pas une condamnation. Une personne mise en examen est une personne mise en cause pour des faits, et elle peut se défendre au cours d’une information judiciaire confiée à un juge d’instruction instruisant l’affaire et pilotant l’enquête. La présomption d’innocence est un droit fondamental pour chaque citoyen et il ne faut pas la bafouer.
Pourtant, il y a quelques mois, au moment de l’annonce de la sélection française par Didier Deschamps pour l’Euro 2016, la question de la mise en examen de Karim Benzema avait échauffé les esprits. Fallait-il sélectionner Karim Benzema ?
Je me souviens que beaucoup de politiques avaient un avis sur la question. La plupart disaient qu’on ne pouvait pas sélectionner sous le maillot tricolore un joueur qui n’était pas irréprochable et exemplaire. La Fédération Française de Football avait tranché en déclarant : « La capacité des joueurs à œuvrer dans le sens de l’unité, au sein et autour du groupe, l’exemplarité et la préservation du groupe sont également prises en compte par l’ensemble des sélectionneurs de la Fédération. Il en résulte que Noël Le Graët et Didier Deschamps ont décidé que Karim Benzema ne pourra pas participer à l’Euro 2016. » Je pense que la Fédération a pris une bonne décision car porter le maillot de l’équipe de France et représenter son pays n’est pas compatible avec la défiance et la suspicion. Non pas pour une question de droit mais pour une question de morale. Il en va de même lorsqu’on est un élu de la République.
Aujourd’hui, il semblerait que deux candidats à l’élection présidentielle, c’est-à-dire à la magistrature suprême, deux personnes qui prétendent devenir chef des armées, garantir l’indépendance de la justice, l’intégrité du territoire, le respect des traités et l’indépendance nationale, soient sous le coup d’une possible mise en examen (je précise que j’utilise le conditionnel).
Je parle évidemment de Marine Le Pen qui ne se rend pas aux convocations de la Police Judiciaire de son pays, et dont le Parlement européen pourrait lever l’immunité, et de François Fillon.
Et cette fois, plus question d’exemplarité, de dignité, d’unité…, non ! On attaque même la justice qui serait instrumentalisée à des fins politiques. On parle d’assassinat politique ou de complot médiatico-judiciaire. On laisse entendre que les juges ne seraient pas impartiaux, qu’ils ne seraient pas indépendants, bref que notre pays bafoue sa constitution, que les décisions de justice seraient politisées. Mais par qui ? Qui sont ces gens qui dérogent aux règles constitutionnelles de notre pays ?
Pour ma part, je trouve qu’il est extrêmement grave que deux prétendants à la Présidence de la République piétinent nos institutions, ne se remettent pas en question, et ne choisissent pas d’eux-mêmes le retrait.
L’ambition politique et personnelle est si forte qu’ils préfèrent attaquer plus fort pour sauver leur peau coûte que coûte. Ils préfèrent diffuser un discours de rabaissement de la France, un pays qui ne serait plus une grande puissance mondiale et qui aurait une justice corrompue à la solde du pouvoir politique en place. Ils en sont même à demander une trêve judiciaire ! Si ce n’était pas réel, on croirait rêver.
Plutôt que de prendre la République et l’élection présidentielle en otage, qu’ils laissent à d’autres le droit de défendre leurs idées, bien que je ne les partage pas. S’ils étaient mis en examen, j’aimerais qu’ils s’appliquent la jurisprudence Benzema. Qu’on parle enfin des vrais sujets de fonds : l’éducation, la santé, le respect des Lois par tous et pour tous, la révolution numérique, la transition écologique, la lutte contre le terrorisme, la place de la France dans le monde !
D’un point de vue moral, je trouve leur comportement honteux. J’espère que nombre d’élus choisiront la voie de l’intégrité et assumeront leur responsabilité comme Bruno Le Maire. Car il ne s’agit pas d’une question partisane. Il en va de la survie de la démocratie représentative, qui, jusqu’à preuve du contraire est le meilleur des régimes, celui de nos libertés.
M Fillon et Mme Le Pen ne sont pas les seuls, Il faut soutenir, donner les moyens au parquet financier pour mettre fin à la corruption en France.
Pas d’auto-Amnestie pour les politiques, suivons l’exemple roumains.
JLuc COURBON