Avec Karine Guilleminot, nous nous sommes rendus hier sur le site de Pont-à-Mousson à Andancette. Nous étions accompagnés du Maire de la commune, Monsieur Chenevier, du Président Drôme-Ardèche de l’Association locale de défense des victimes de l’amiante (ALDEVA), Monsieur Dorel, et d’une délégation de l’association.
J’ai souhaité aller sur place car l’amiante est un l’un des plus importants scandales sanitaires français des 30 dernières années. Il a été moins médiatisé que d’autres scandales sanitaires, comme celui de la vache folle par exemple. Il a touché une population plus circonscrite, principalement celle des travailleurs de l’amiante, produit très utilisé en France, qu’on appelait au 19ème siècle le « matériau miracle » pour sa résistance thermique, sa résistance au feu, ses propriétés chimiques ou mécaniques.
Mais sur notre territoire, il a frappé directement des dizaines de familles, des hommes et des femmes qui n’ont eu que le tort de travailler dans une usine qui utilisait l’amiante. Plus de 40 personnes sont mortes à Andancette des cancers de l’amiante, plus de 100 sur le bassin de vie. Des femmes ont perdu leur mari, des enfants leur père, dans des circonstances terribles. Les autres, ceux qui restent, vivent avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, car des personnes continuent à tomber malades, ici, sur notre territoire.
Comme pour Tchernobyl, comme pour beaucoup de scandales sanitaires, il a fallu que des hommes et des femmes comptent leurs morts et se battent durant 30 ans pour que le « cancer de l’amiante » soit reconnu comme une maladie professionnelle, les victimes et leurs familles indemnisées, des politiques de démantèlement et de désamiantage mises en œuvre. Ce combat a abouti à une interdiction définitive de l’utilisation de l’amiante en 2002 en France et en 2005 dans tous les pays membres de l’Union européenne. C’est grâce à l’action de collectifs qui se sont fédérés dans des associations comme l’ANDEVA que des travailleurs ont pu être reconnus comme des victimes.
Ici, c’est un drame qui hante et touche encore les habitants de ce territoire. Chaque jour, ils passent devant ce site industriel fermé depuis 1997 et se disent que rien n’avance, rien ne change, rien ne bouge ! Une stèle leur rend hommage mais ce n’est pas suffisant.
Notre pays n’a pas pris cette question à bras le corps comme il aurait dû le faire.
Si je suis député, je veux être le porte-parole à l’Assemblée nationale des trop nombreuses victimes et je m’engage à saisir immédiatement la Ministre de la santé pour que des politiques de prévention soient déployées avant le déclenchement de la maladie et que l’arsenal juridique français cesse de protéger les présumés coupables et d’être défavorables aux victimes.
Si je suis député, je travaillerai pour que l’action de groupe soit étendue et que les victimes de scandales sanitaires, parce qu’il n’y a pas que l’amiante, impliquant des industriels parfois couverts par l’Etat soient justement reconnues.
Si je suis député, je demanderai qu’un plan national, financé par les industriels concernés, soit mis en œuvre pour permettre le désamiantage de tous les bâtiments publics (écoles, hôpitaux…).
Enfin, si je suis député, je proposerai qu’une législation soit mise en œuvre pour que les anciens sites industriels – comme celui d’Andancette – soit non seulement démantelés et dépollués mais aussi reconvertis en sites exemplaires pour favoriser la transition énérgétique, avec le soutien des industriels encore en activité.
Je me battrai pour, qu’à défaut d’une condamnation pénale, une réparation morale et financière soit apportée aux victimes et à leur famille.
Parce qu’à Pont-à-Mousson des gens sont morts, il est inacceptable que les familles passent tous les jours, 30 ans après la fermeture de l’usine, devant cette friche industrielle. Ce site doit avoir un avenir.