La colère des agriculteurs, nouveau symbole d’une France paupérisée par le macronisme
Aujourd’hui, je suis allé rencontrer les agriculteurs qui manifestent sur mon canton dans la Drôme.
J’ai voulu écouter leurs revendications car depuis plusieurs jours, ils expriment une forte colère mais surtout un grand désarroi qui s’étendent désormais à toute la France.
Cette colère n’est pas nouvelle, elle trouve ses racines dans des problématiques connues de longue date et part d’un constat sans appel : les exploitants agricoles que j’ai vus ce matin n’en peuvent tout simplement plus !
Ils sont désespérés de ne pas pouvoir vivre de leur travail.
Ils sont épuisés face à la surcharge administrative, notamment lorsque la France rajoute de la complexité aux textes de la Commission européenne ;
Ils sont las des maladies qui déciment leurs élevages ou leurs cultures, des catastrophes naturelles qui viennent alourdir encore plus leurs difficultés et qui ne vont que s’amplifier avec le dérèglement climatique ;
Ils sont fatigués de la concurrence déloyale des produits internationaux qui échappent aux normes françaises et européennes, qui doivent être adaptées mais jouent un rôle important dans la protection de notre santé.
Ces agriculteurs m’ont aussi fait part de l’impact direct des hausses du prix de l’énergie, des matières premières et du matériel agricole.
Je vais prendre quelques exemples simples pour illustrer cette crise.
Aujourd’hui, un tracteur coûte près de 200 000 euros (hors matériel spécifique) pour une durée de vie de 10 ans. C’est le prix d’une maison…
Un plein du tracteur coûte entre 700 et 1000 euros.
Aujourd’hui, les agriculteurs vendent la tonne de blé à 180 euros soit 0,18 centimes d’euros le kilo de blé. Un kilo de blé coûte plus cher à produire qu’il ne rapporte à la vente. Quelle autre profession peut accepter ça ? Aucune…
La réalité, c’est que nos agriculteurs sont victimes de l’ultralibéralisme et des dérégulations à tout-va, qui touchent aussi de plein fouet des millions de Françaises et de Français.
Ces femmes et ces hommes qui ne peuvent plus vivre dignement de leur travail.
Ces femmes et ces hommes qui souffrent et expriment leur ras-le-bol.
Le métier d’agriculteur doit retrouver de la dignité ! Dans les 10 ans qui viennent, la moitié des fermes françaises seront à reprendre. Soit nous donnons envie à des jeunes de s’installer et nous continuerons de produire en France, soit nous poursuivons sur cette pente délétère et nous aurons une concentration des terres dans des mains de multinationales étrangères.
Nous paierons alors notre inaction du prix de la dégradation de notre alimentation, de la biodiversité et de nos paysages.
Le Gouvernement doit prendre la mesure de cette colère.
Il doit débloquer en priorité les indemnisations des agriculteurs touchés par des catastrophes naturelles ou des maladies. Il faut ensuite remettre à plat la loi Egalim pour que les agriculteurs soient payés au juste prix. Sans contrats tripartites entre les secteurs agricole, industriel et la grande distribution, et des prix fixés à minima au niveau des coûts de production, il n’y aura pas de justice. Si la grande distribution ne joue pas le jeu, l’État doit assumer son pouvoir de régulation. La simplification des démarches d’accès aux subventions et aides d’abord, puis des déclarations administratives, doit être engagée d’ici la fin de l’année. Le Gouvernement doit aussi s’assurer que les accords commerciaux n’entraîneront plus de concurrence déloyale en imposant la réciprocité et les mesures-miroirs. Enfin, il est urgent de considérer l’alimentation comme un secteur stratégique, protégé des investissements étrangers et des spéculations. C’est une question de souveraineté alimentaire.
Produire en France doit être un impératif !
Il faudra par ailleurs, dès cette année, construire une politique européenne plus lisible. D’abord reconstruire la PAC, pour mieux répartir les aides en sortant de la logique mortifère de l’aide à l’hectare qui pénalise les petits propriétaires.
Je crois de manière inébranlable aux apports de l’Union Européenne pour notre agriculture, notre alimentation, la préservation du climat et de la biodiversité. Et c’est parce que c’est croyance est fidèle à l’ambition des fondateurs, que je refuse de voir une Europe incapable de planifier la nécessaire production alimentaire et se contenter d’instrumentaliser la répartition des aides.
La paupérisation des agriculteurs n’est pas une fatalité. Mais il faut agir de toute urgence !