Depuis plusieurs semaines, nous assistons avec parfois un peu d’indifférence, mais surtout beaucoup d’appréhension, à l’évolution de la situation en Ukraine.
Car ce qui se joue dans ce pays allié et ami de la France, n’est rien de moins que la paix et la sécurité de notre continent.
Ces dernières heures, j’ai souvent repensé aux mots de François Mitterrand prononcés le 17 janvier 1995 devant les députés européens : « le nationalisme, c’est la guerre ! La guerre, ce n’est pas seulement le passé, cela peut être notre avenir. »
En reconnaissant comme « Républiques populaires » les territoires sécessionnistes de Donestk et de Louhansk, et en se posant comme protectrice de celles-ci, la Fédération de Russie fait régner l’ombre de la guerre en Europe.
Le coup de force perpétré lundi au mépris du droit international et les propos belliqueux qui ont suivi, tendent à démontrer que 30 ans après la chute de l’URSS, la Russie nationaliste se rêve toujours en empire.
Pas de place au multilatéralisme : Bélarus, Kazakhstan, Géorgie, Ukraine, les ex-républiques soviétiques doivent jurer fidélité à Moscou sinon malheur à elles.
Après avoir annexé la Crimée et s’être effacé derrière ses supplétifs que sont les séparatistes pro-russes, Vladimir Poutine, 18 ans de règne, a abattu son jeu publiquement : plus que l’OTAN, c’est bien la raison d’être de l’#Ukraine comme nation indépendante qui lui est insupportable.
Pour lui ce n’est qu’une province russe créée artificiellement par l’URSS et qu’il peut donc annexer sans plus de questions. Un discours maximaliste et belliqueux, qui ne saurait être pris à la légère à la vue des milliers de soldats postés près de ses frontières.
Les prochaines heures vont donc être déterminantes.
Je suis favorable aux premières sanctions européennes prises à l’unanimité des 27 et entrées en vigueur dès aujourd’hui.
Mais ne nous y trompons pas : elles ne suffiront pas à elles seules à faire entendre raison à des dirigeants russes préparés à les subir.
Elles doivent être un préalable à un dialogue politique approfondi entre l’Union européenne et la Fédération de Russie.
En parallèle je pense que l’Europe doit prendre son destin en main.
Trop souvent nous avons été dépeints comme faibles et impuissants, considérés comme les vassaux des États-Unis. Nous avons été trop timorés face aux violations répétées des accords de Minsk.
C’est pourquoi je pense indispensable de solidifier une politique européenne de sécurité et de défense commune, qui devient indispensable.
De même nous devons affirmer une politique environnementale forte afin que notre énergie ne dépende plus de pays tiers hostiles. Nous ne devons pas être les jouets d’ambitions autocrates !
Aussi, je crois que le moment est venu d’entendre le cri du cœur des ukrainiens qui veulent se rapprocher de nos valeurs et de nos idéaux de paix et de liberté.
C’est pour cela qu’il est temps, pour la France et nos partenaires européens, de reconnaître officiellement l’Ukraine comme État candidat à l’Union Européenne, en ouvrant la voie vers une ouverture de négociations d’adhésion.
Cette reconnaissance d’un objectif commun d’adhésion ne signifie pas que l’Ukraine soit prête actuellement à rejoindre l’UE dès demain, dès écarts significatifs existent, notamment en matière de santé et de protection sociale.
Mais nous pourrions redonner espoir à des millions de femmes et d’hommes qui ne veulent pas d’une autocratie, avec un calendrier clair détaillant les objectifs et les étapes visant à la pleine intégration.
Dans cette stratégie, la France, par sa diplomatie de haut niveau et son armée reconnue pour sa qualité, doit être un moteur.
A ce titre, je voudrais avoir un mot sur différentes réactions politiques : j’observe avec inquiétude certains responsables, Marine LePen, Éric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon, se succéder pour trouver des excuses, voire des justifications, aux décisions de Vladimir Poutine.
N’inversons pas les rôles : c’est bien l’Ukraine qui est aujourd’hui touchée dans sa chaire, agressée dans son intégrité territoriale. J’ai une pensée pour les Français qui vivent en Ukraine et qui vont devoir partir dans des conditions douloureuses.
N’oublions jamais que Vladimir Poutine, dans sa pratique verticale du pouvoir, exècre la démocratie libérale. A ce titre, ce n’est d’ailleurs pas innocent de voir des partis d’extrême-droite, Rassemblement National en tête, être financés par des banques russes… ceci expliquant sans doute cela.
Dans un moment où notre société est fracturée comme jamais après le quinquennat d’Emmanuel Macron, l’unité doit prévaloir. N’importons pas de conflits extérieurs propres à nous diviser davantage.
Face aux désordres mondiaux, le rôle de la France, dans un continent européen troublé, est bien celui de défendre, comme le disait Jaurès, la promesse de l’universelle liberté et de l’universelle justice.
De lutter contre les nationalismes qui sont toujours synonymes d’extrémisme, d’isolationnisme et d’égoïsme.