Ramener un peu de bleu au ciel…
Bon anniversaire la NUPES !
La vie est plus dure quand on est de gauche.
Changer la vie des gens et aussi le monde, c’est toujours plus exigeant que de vouloir conserver l’existant et gérer le statut quo !
Ensuite, même si elle fait notre force, nous sommes d’une grande diversité, fruit de nos histoires.
Et c’est parce que nous avons nos nuances que nous aimons parfois nous affronter durement dans des débats enflammés, qui n’intéressent souvent pas grand monde et qui nous font perdre l’essentiel.
L’essentiel, ce sont ces Françaises et ces Français qui ont besoin de nous et qui n’ont que nous pour les défendre.
L’essentiel, c’est de sauver la planète pour les générations futures.
L’essentiel, c’est de régénérer notre République dont les institutions sont à bout de souffle.
L’essentiel, c’est de ramener un peu de bleu dans le ciel si gris de millions de gens, ici et ailleurs.
Mais avec nos invectives, nos anathèmes, notre passion pour les chapelles et sous-chapelles, nous l’avons si longtemps oublié cet essentiel. Et d’ailleurs, nous avons à ce point désespéré les gens que nous avons failli tuer la gauche.
Lors de l’élection présidentielle de 2022, les Françaises et les Français ont eu le mérite de la clarté, en nous remettant tous en place. Une sorte de dernier avertissement avant la mise à la casse.
Divisés, éclatés, nous ne pesions plus dans le débat. Nous étions les idiots utiles de la droite, des libéraux, des conservateurs et de l’extrême-droite. Nous perdions toutes les batailles culturelles et idéologiques.
Alors, nous avons pris nos responsabilités.
Et nous avons essayé, dans un temps concentré de 13 jours et 13 nuits, de ramener un coin de ciel bleu grâce à un programme partagé fondé sur des valeurs communes, avec un objectif : celui de changer la vie.
Voilà l’acte de naissance de la NUPES ! La Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale.
Rien n’était naturel, rien n’était facile, rien n’était normal. Pour personne.
Ce rassemblement historique de la gauche et des écologistes était attendu depuis 25 ans. 25 ans, soit une génération. Ma génération.
Socialistes, insoumis, écologistes, communistes avons alors pris conscience d’avoir une très grande responsabilité entre nos mains. Une responsabilité qui nous dépassait largement.
Et c’est ainsi que nous avons levé une formidable espérance, que certains pensaient évanouie à jamais.
Cet espoir d’une vie quotidienne meilleure pour les classes moyennes et populaires a immédiatement suscité la peur politique de nos opposants (elle ne fait que s’amplifier depuis…). Ils avaient peur de nous voir unis, portant un projet ambitieux de transformation sociale, de transition écologique, de changement démocratique.
Je me souviens, moi, le socialiste, le social-démocrate, d’être accusé de « brader le PS à Jean-Luc Mélenchon pour un plat de lentilles », d’être un « partageux », un « dangereux gauchiste », un « extrémiste », « un populiste »…
25 ans de division, de déchirement et de détestation, ça ne s’efface pas en 13 jours…pour certains pas en 1 an non plus. Mais comme le disait si bien François Mitterrand : « Il faut laisser le temps au temps ».
Alors, en ayant fait la NUPES sommes-nous, nous, socialistes, devenus insoumis ? Les communistes devenus écologistes ? Les insoumis devenus socialistes ? Non !
Chaque parti a gardé son identité, son importance. Le respect de chacun est là, la meilleure façon de faire pour se développer. Plus nous serons de socialistes, communistes, écologistes et insoumis, plus puissante sera l’union ! Ce postulat ne changera pas ni aujourd’hui ni demain ni même après demain !
Alors une fois cette coalition construite, nous sommes partis en campagne partout en France, avec notre projet et nos candidats. Sur le terrain, nous qui étions des branches différentes de cette même famille qu’est la gauche, nous prenions du plaisir à être ensemble et à porter des combats communs. Nous prenions plaisir à nous découvrir et à militer ensemble.
Le 12 juin 2022, au soir du premier tour, celui du choix, pour la première fois depuis l’inversion du calendrier, le parti du président de la République ne fut pas en tête ! C’est nous qui en sommes sortis vainqueurs.
Au 2nd tour, nous avons réussi à faire élire 151 députés, multipliant presque par 3 le nombre de députés de gauche ! Mais ce ne fut pas assez pour avoir la majorité absolue.
Une fois l’élection passée, les oiseaux de mauvais augures avaient averti. La blague est terminée. Ciao la NUPES. Elle ne passera pas l’été.
Mais non ! Immédiatement, nous nous sommes mis au travail, les députés à l’Assemblée nationale, les partis mais aussi dans les territoires. Nous avons défendu pied à pied nos convictions et nos idées face à un pouvoir macroniste diminué mais toujours aussi cynique : taxation des superprofits, hausse des salaires, protection du droit fondamental à l’IVG, rétablissement de l’ISF supprimé par Emmanuel Macron… et bien entendu nous avons été les adversaires les plus résolus de la réforme des retraites à 64 ans, véritable impôt sur la vie. Et nous poursuivrons sans relâche ce combat aux côtés de l’intersyndicale.
Alors, certes, 1 an d’union, c’est peu au regard de 25 ans de désunion. Mais c’est déjà beaucoup !
Nos convergences étant plus fortes que nos divergences, nous avançons désormais ensemble, je le pense et je le souhaite. Car oui, nous ne pouvons pas revenir en arrière.
Avons-nous tout réussi en 1 an ? Non certainement pas !
Avons-nous à progresser encore ? Évidemment !
En 1 an, il y a eu des victoires et des échecs, des moments enthousiasmants, des engueulades, des ratés.
Oui, parfois nous ne sommes pas d’accord. Oui, je m’agace parfois des expressions, des comportements et des choix des uns et des autres.
Et alors ? Est-ce si grave au regard de l’essentiel ? Non !
En ce 1er anniversaire de la NUPES, je pense fondamentalement que nos différences et nos nuances font notre force ! La caporalisation ce n’est pas la gauche ! La mise au pas ce n’est pas la gauche !
Je préfèrerai toujours que nous nous disions les choses franchement que de tout mettre sous le tapis, de faire semblant pour les caméras et de sortir les poignards dans le dos à la première occasion.
Et maintenant ?
Maintenant, nous devons passer un cap. Nous devons approfondir, élargir et renforcer ce rassemblement.
Il nous faut le faire sans limites, sans tabous. Le temps de la maturité est devant nous. Je souhaite esquisser quelques pistes à l’occasion de cet anniversaire :
D’abord nous devons nous fixer un horizon commun. Celui d’avoir un candidat unique de la gauche et des écologistes pour l’élection présidentielle de 2027.
Nous avons 4 ans devant nous.
4 ans pour construire notre contrat de coalition commun comme l’a proposé Olivier FAURE. Notre projet de 2022 a permis de faire élire 151 députés mais pas de gagner. Il faut remettre l’ouvrage sur le métier.
4 ans pour définir notre stratégie, 4 ans pour décider de notre méthode pour choisir notre candidate ou notre candidat.
Nous devons ensuite acter une méthode et une charte de fonctionnement et de bonne conduite entre nous pour les 4 ans qui viennent. Pour permettre d’éviter les polémiques inutiles qui nous affaiblissent. Pour préparer également les échéances qui sont devant nous et anticiper notamment une dissolution de l’Assemblée nationale. Nous devrons bien entendu le faire en actant entre nous un rapport de force différent de celui d’il y a un an qui prenait en compte le seul résultat du scrutin présidentiel.
Nous proposons également de mettre en place une Agora qui mêle le monde politique, associatif, syndical et qui doit permettre d’agréger de nouvelles forces et de nouvelles composantes autour de nous. Une Agora qui doit permettre de nous élargir.
Nous souhaitons aussi lancer dans tous les départements des « rencontres » de la gauche et de l’écologie pour aller à votre rencontre, partir du terrain et voir comment faire mieux, différemment, nous enrichir…
Nous devons avoir l’obsession de nous élargir, de grandir. Le résultat de juin 2022 doit être notre plancher. Pas notre plafond. Nous avons 4 ans pour passer de 27 à 50%.
Pour devenir majoritaires demain, nous devrons être du côté des caissières, des ouvriers, des agents de logistiques, des aides à domicile, des « premiers de corvée ».
Mais aussi parler aux enseignants, aux agriculteurs, aux artisans, aux policiers, aux jeunes entrepreneurs et plus largement aux Françaises et aux Français qui n’ont jamais voté pour nous. C’est ça vouloir agir pour tous.
Tandis que le macronisme n’en finit plus de fracturer, préférant faire le jeu du Rassemblement national en caricaturant la NUPES, nous serons le seul et unique rempart contre l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir.
A la fin, ce sera entre eux et nous. Nous devons être l’alternative !
En ce jour anniversaire de la NUPES, je veux m’adresser aux sympathisants de la NUPES. A vous qui depuis un an venez nous dire partout : « merci », « bravo », « bon courage », « ne lâchez rien ».
Plus que jamais nous avons besoin de vous ! Rejoignez-nous ! Engagez-vous ! Venez nous aider ! L’élargissement c’est vous.
Venez alimenter en idées, en réflexions et en actions les partis de la NUPES. Cette union sera ce que vous en ferez et personne ne sera de trop !
« L’Histoire ne fait rien c’est l’Homme réel et vivant qui fait tout ». 1 an après, nous avons toujours entre les mains une responsabilité immense, celle du rêve et de l’avenir.
Alors à vous, à nous de jouer !
J’ai hâte d’entendre dire : « voilà la gauche, le ciel est bleu. Il fait enfin soleil ! »